L’auteur raconte un voyage en ballon au-dessus du nord de la France.
On ne sent rien, on flotte, on monte, on vole, on plane. Sous nous maintenant, Paris s’étale; puis, tout autour, la plaine, la terre que découpent les routes longues, minces et blanches. Au milieu, des champs verts, d’un vert tendre ou foncé, et des bois presque noirs.
La Seine semble un gros serpent roulé, couché, immobile, dont on n’aperçoit ni la tête ni la queue ; elle vient de là-bas, elle s’en va là-bas, en traversant Paris…
Des lumières s’allument de place en place, feux isolés dans les fermes ou dans les villes. Nous allons vers le nord-ouest après avoir plané longtemps sur le petit lac d’Enghien. Une rivière apparaît : c’est l’Oise.
Voici une grande ville à droite, une autre à gauche plus loin. Et soudain une ville considérable se montre juste devant nous. C’est Lille, peut-être. Comme nous approchons d’elle, apparaît tout à coup une surprenante lave de feu. C’est une briqueterie, paraît-il. Les grandes forges soufflent leur haleine ronflante, et l’on entend des bruits de métal qui roule, de métal qui sonne, de marteaux énormes qui retombent.
Déjà on ne voit plus Lille mais des champs bien cultivés, réguliers, de tons différents selon les cultures. Tout passe sous nous avec une prodigieuse vitesse; on n’a pas le temps de regarder, à peine le temps de voir que d’autres prés, d’autres champs, d’autres maisons ont déjà fui…
